Pêcheries de krill, pêcheries durables
Krill antarctique (Euphausia superba)
Le krill, petit crustacé de l'ordre des euphausiacés, est observé dans tous les océans de la planète.
Dans l'océan Austral, une espèce de krill, le krill antarctique Euphausia superba, constitue une biomasse estimée à quelque 379 000 000 tonnes1, soit supérieure à l'ensemble de la population humaine. Plus de la moitié de cette biomasse sert à nourrir les cétacés, les phoques, les manchots, les calmars et les poissons chaque année, mais elle est vite renouvelée grâce à la reproduction et à la croissance de la population de krill. En captivité, le krill peut vivre jusqu'à 8 ans, mais son espérance de vie dans la nature est probablement de 3 à 4 ans et il atteint la maturité sexuelle vers l’âge de 2 ou 3 ans.
Il occupe une place importante dans le réseau trophique. En effet, il se nourrit principalement de phytoplancton et dans une moindre mesure de zooplancton, procurant ainsi des nutriments à d'autres animaux qui font du krill leur première source d'alimentation. C'est la raison pour laquelle il est considéré comme une espèce clé de l'écosystème de l'océan Austral.
Le krill effectue des migrations verticales quotidiennes importantes, servant ainsi de nourriture pour les prédateurs, près de la surface, de nuit, et dans les eaux plus profondes, de jour.
La taille de la population de krill est très variable d'une année sur l'autre et les changements observés semblent dépendre principalement du nombre de jeunes intégrant la population chaque année. La variabilité des glaces de mer peut influer sur ce nombre d'entrées, raison pour laquelle les effets du changement climatique sont particulièrement inquiétants (bien qu'il n'existe pas actuellement de preuve d'une réduction des glaces de mer tout autour de l'Antarctique).
Pêche commerciale du krill
Gestion durable de la pêcherie de krill
La CCAMLR a été établie en 1980 dans la crainte qu'une pêcherie de krill en expansion puisse avoir un impact notable sur l'écosystème de l'océan Austral. Depuis lors, l'exploitation du krill fait l'objet d'une gestion des plus prudentes justifiée par le rôle critique du krill – une espèce clé – dans l'écosystème de l'Antarctique, et par les incertitudes entourant les changements environnementaux, notamment le changement climatique.
Limites de capture admissible
Pour assurer la pérennité des activités de pêche au krill, des limites de capture sont fixées afin de veiller à ce que la pêche ne réduise pas trop la population reproductrice et aussi à ce que les prédateurs (manchots ou cétacés par ex.) puissent se nourrir.
La pérennité de la pêcherie de krill dépend de la taille de la capture en fonction de la population. Fondamentalement, l'approche de la gestion de la pêcherie de krill adoptée par la CCAMLR consiste, non pas à tenter d'optimiser la taille de la pêcherie, mais à réduire au maximum son impact sur l'écosystème.
Les chercheurs simulent la population de krill au moyen de modèles numériques (régis par un ensemble d’équations sur le nombre de naissances, le taux de croissance et le taux de mortalité) et à partir des données obtenues, ils prévoient les conséquences de différents niveaux de pêche. Des milliers de simulations sont effectuées afin de déterminer un niveau de capture qui serait durable.
Pour prévoir l'avenir de la population de krill il faut disposer d'un certain nombre de paramètres pour lesquels il n'existe pas toujours de valeurs précises. On définit alors un intervalle de valeurs probables, lesquelles sont toutes utilisées dans les simulations. Les simulations tiennent compte tant de ce qui est connu que de ce qui ne l'est pas dans l'écosystème.
La capture totale admissible annuelle dans le sud-ouest de l'Atlantique est à présent de quelque 5,6 millions de tonnes. Toutefois, la CCAMLR a décidé que la capture serait réglementée par un niveau de « déclenchement » de 620 000 tonnes réparti sur quatre régions du sud-ouest de l'Atlantique. Ce niveau de « déclenchement » représente environ 1% de la biomasse inexploitée, vierge, qui a été estimée à 60 millions de tonnes, de la population de krill de cette région. En réalité, la capture annuelle est d'environ 0,3% de la biomasse inexploitée de krill. La CCAMLR a convenu qu'il n'y aurait pas d'expansion de la pêcherie de krill tant que les données scientifiques n'indiqueraient pas qu'elle peut se poursuivre durablement.
D'autre part, la CCAMLR maintient un réseau de sites de collecte d'informations sur d'autres éléments de l'écosystème de l'Antarctique pour permettre un suivi des changements. Ce programme, le Programme de contrôle de l'écosystème de la CCAMLR (CEMP), a été établi en 1989. Les informations collectées dans le cadre de cette initiative contribuent au développement de ce que la CCAMLR nomme une « procédure de gestion du krill par rétroaction » dont le but est de guider les décisions concernant les niveaux acceptables de prélèvement total de krill qui répondent à l'approche de précaution.
Vidéo – L'univers connecté du krill : pourquoi Hobart est-elle la capitale mondiale du krill ?
Cette présentation a eu lieu au siège de la CCAMLR, à Hobart (Australie) pendant la semaine nationale de la science 2017.
Intervenants :
- Keith Reid (secrétariat de la CCAMLR)
- So Kawaguchi (Australian Antarctic Division)
- Laura Laslett (université de Tasmanie/Menzies Institute for Medical Research)
Séminaire public pour expliquer les liens entre les produits de krill commerciaux, les effets revendiqués pour la santé humaine et la biologie et l'écologie de ce minuscule crustacé.
Découvrir pourquoi Hobart est considéré comme le centre mondial de la science sur le krill et de la gestion de la pêcherie de krill et prendre connaissance des liens établis entre chacune des institutions concernées par des réseaux scientifiques internationaux et gouvernementaux.
So Kawaguchi a parlé de ses recherches sur la biologie et l'écologie du krill et Laura Laslett a évoqué ses travaux sur l'effet médicinal de l'huile de krill.
Le directeur scientifique de la CCAMLR, Keith Reid, a expliqué comment cette commission internationale réglemente la pêche au krill et comment elle établit des limites de pêche sur la base des meilleures études scientifiques disponibles sur le krill et leurs écosystèmes.
Visionner la vidéo sur YouTube (en anglais uniquement)
Références :
- 1A. Atkinson, V. Siegel, E.A. Pakhomov, M.J. Jessopp & V. Loeb (2009). "A re-appraisal of the total biomass and annual production of Antarctic krill". Deep-Sea Research I 56: 727–740.
- Wikipedia – Krill
- Will there be a new ‘Gold rush’ on krill? (The Marine Stewardship Council)
- Photos : Secrétariat de la CCAMLR