Qu'est-ce qu'une « AMP » ?
De manière générale, une aire marine protégée (AMP) se définit comme une zone marine dans laquelle les ressources naturelles font l'objet d'une protection totale ou partielle. À l'intérieur d'une AMP, certaines activités sont limitées, voire interdites, pour répondre à des objectifs spécifiques de conservation, de protection de l'habitat, de suivi de l'écosystème ou de gestion des pêcheries.
Les AMP n'excluent pas nécessairement la pêche ni la recherche ni d'autres activités anthropiques ; en fait, nombre d'entre elles sont des zones à usages multiples. Les AMP ou régions d'AMP regroupent à la fois des espaces dans lesquels la pêche est interdite, et des espaces où, dans des circonstances spécifiques répondant à un objectif de promotion de la recherche et des connaissances scientifiques, la pêche peut être autorisée si elle se déroule en accord avec les objectifs de l'AMP. D'autres activités peuvent également y être permises.
Les zones fermées à la pêche (ou dans lesquelles les activités de pêche sont limitées) peuvent être utilisées par des scientifiques à titre de comparaison avec des zones ouvertes à la pêche afin d'étudier les impacts relatifs de la pêche et d'autres changements, tels que ceux résultant du changement climatique. Cela peut aider les scientifiques à comprendre les diverses variables influençant l'état de santé général du milieu marin, y compris les effets du changement climatique.
La CCAMLR a décidé de mettre en place un système représentatif d'AMP fondé sur les meilleures informations scientifiques disponibles et adopté un cadre décrivant les objectifs des AMP et les exigences liées à leur établissement, à savoir :
- les objectifs spécifiques
- les limites spatiales
- une liste des activités qui sont restreintes, interdites ou gérées
- un plan de gestion, y compris les dispositions administratives
- un plan de recherche et de suivi, et des dispositions de recherche et de suivi
- la période de désignation.
Les membres de la CCAMLR ont élaboré des propositions d'AMP concernant diverses régions de l'océan Austral. Ces propositions font l'objet d'un examen minutieux par le Comité scientifique et la Commission de la CCAMLR et, une fois approuvées, elles sont décrites en détail dans une mesure de conservation CCAMLR.
La première AMP établie par la CCAMLR est l'AMP du plateau sud des îles Orcades du Sud qui est d'ailleurs la première AMP internationale dans le monde. Elle est suivie en 2016 par l'AMP de la région de la mer de Ross.
Toutes les informations géographiques sur les AMP (positions, superficies) sont consultables dans le SIG de la CCAMLR.
L'AMP du plateau sud des îles Orcades du Sud
En 2009, le Royaume-Uni a présenté une proposition d'AMP pour la région au sud des îles Orcades du Sud, fondée sur les résultats d'une analyse circumpolaire des régions présentant des caractéristiques écologiques particulières (dénommées « biorégions »). La zone, d'une superficie de 94 000 km2, comprend des biorégions chevauchantes, ainsi que d'importantes aires d'alimentation des manchots. Suivant la recommandation du Comité scientifique, la Commission a décidé d'établir l'AMP du plateau sud des îles Orcades du Sud où la pêche commerciale est interdite, mais les activités de recherche autorisées avec l'accord du Comité scientifique.
L'AMP de la région de la mer de Ross
Les États-Unis et la Nouvelle-Zélande ont chacun présenté un premier projet d'AMP de la mer de Ross en 2012. Ces propositions ont ensuite été réunies sous la forme d'une proposition commune qui a été examinée lors d'une session extraordinaire tenue à Bremerhaven en 2013 avant les réunions annuelles de la CCAMLR cette année-là. Ensuite a suivi une période de discussions, tant scientifiques que diplomatiques, qui ont abouti à l'adoption par la CCAMLR de l'AMP de la région de la mer de Ross (AMPRMR) en 2016 ; l'AMP est entré en vigueur le 1er décembre 2017.
L'AMPRMR a pour objectif de protéger les processus écosystémiques à grande échelle, de conserver la biodiversité, de protéger les prédateurs et les proies (y compris les manchots, les phoques, le krill et la calandre antarctique), les régions d'importance écologique et les secteurs qui sont importants pour le cycle biologique de la légine antarctique, et de promouvoir la recherche et d'autres activités scientifiques (telles que le suivi) visant les ressources marines vivantes de la région. Le champ d'application de l'AMP est précisé dans la mesure de conservation 91-05.
L'AMPRMR est divisée en trois zones, chacune faisant l'objet de ses propres autorisations ou limitations. Les activités de pêche sont interdites dans une grande partie de l'AMP avec quelques exceptions. Dans ce cas, elles doivent être menées conformément aux autres mesures de conservation établies par la CCAMLR.
L'AMPRMR est en vigueur jusqu'en 2052, date à laquelle une évaluation déterminera si elle peut être reconduite ou modifiée.